Architecture matérielle par Jonathan Ashmore

Anarchitect, fondé en 2013 par le Britannique Jonathan Ashmore, architecte agréé par le RIBA, est un cabinet d'architecture, d'architecture d'intérieur et de design plusieurs fois primé, basé à Dubaï et à Londres, qui se spécialise dans la réalisation de projets sur mesure pour des clients privés et des entreprises à l'échelle mondiale. Son portefeuille diversifié d'ouvrages construits couvre les domaines de l'habitat, des loisirs, de l'hospitalité, du lieu de travail et de la culture au Moyen-Orient, en Europe, en Asie et en Afrique.

Lisez l'interview pour découvrir comment Jonathan, avec son approche raffinée et son esthétique contemporaine, crée avec son équipe des espaces sophistiqués et des objets dont la forme et la fonction sont parfaitement équilibrées. Repoussant sans cesse les limites du discours architectural pour réaliser des projets à la pointe du luxe discret et de l'architecture moderne contextuelle, le travail de Jonathan a acquis une reconnaissance internationale grâce à des collaborations créatives avec Burberry, le magazine Wallpaper* et des projets régulièrement publiés dans la presse mondiale du design.

Comment êtes-vous entré dans le monde du design ? Racontez-nous votre histoire.

D'aussi loin que je me souvienne, j'ai toujours eu la passion et la vision de devenir architecte. J'ai grandi autour des dessins techniques de mon père à la maison et j'ai apprécié l'art et le design à l'école et au collège, ce qui a capté mes intérêts et mes passions. J'ai été très tôt fasciné par la capacité de l'architecture à influencer la vie des gens et par l'équilibre unique entre une vocation professionnelle disciplinée et la créativité de l'art et du design, qui correspond à ma personnalité. J'ai concentré toutes mes études sur le métier d'architecte et j'ai obtenu un master à la Bartlett School of Architecture de Londres en 2005. J'ai obtenu le titre d'architecte agréé RIBA en 2007.

Comment décririez-vous votre style personnel et quelle est la signature personnelle qui rend vos projets uniques ?

Je trouve personnellement du plaisir dans le raffinement, les détails et le luxe discret. Comme en architecture, je trouve que la narration est importante et que le style peut aussi vous emmener dans un voyage où la lignée n'est pas toujours immédiatement évidente, ce qui vous invite à réfléchir plus en profondeur pour explorer et comprendre ses origines. Je suis passionné par l'artisanat et les matériaux, donc, tout comme le style, je me trouve souvent naturellement attiré par des objets et des pièces créés par des designers qui, par coïncidence et à mon insu, ont étudié ou pratiqué l'architecture à un moment donné de leur carrière. Je crois qu'être architecte devient un mode de vie et je pense que c'est ce qui forme mon style personnel et l'architecture et les intérieurs progressifs et passionnés conçus par mon cabinet et mon équipe chez Anarchitect.

Y a-t-il des tendances spécifiques que vous mélangez actuellement dans votre pratique ?

En tant que studio d'architecture, d'intérieur et de design, nous ne suivons pas consciemment les tendances, mais croyons plutôt en une approche architecturale de nos projets qui s'appuie sur le contexte, le client, le programme et l'échelle pour créer des projets individuels et adaptés au lieu et à l'objectif. Il existe des continuités dans notre travail qui mettent l'accent sur les détails, l'artisanat et les matériaux, la relation entre les espaces intérieurs et extérieurs et l'utilisation de la lumière naturelle pour transformer les espaces intérieurs par l'architecture.

D'après vous, quelle sera la prochaine grande tendance en matière de design d'intérieur ?

Nous avons déjà commencé à observer un intérêt croissant de la part de nos clients HNW afficionados du design pour la post-opulence et une redéfinition du luxe personnel lié à la nature et au bien-être. Anarchitect explore depuis longtemps l'hospitalité de luxe basée sur l'expérience primordiale et l'architecture de destination, en particulier à l'échelle d'une boutique. Pour les intérieurs, nous voyons la distribution humaine dans l'espace et non plus l'isolement et la ségrégation devenir plus importante pour les clients ayant des projets publics. La question de savoir comment exploiter l'espace pour créer un sentiment d'intimité, mais aussi de sécurité, est la clé pour que les gens aient le sentiment de pouvoir respirer, d'être connectés à la nature et d'être connectés à leur contexte et à la pureté spatiale.

Dans le cadre d'une approche durable, nous constatons également une résurgence et un intérêt pour le redéveloppement et la conversion par le biais d'interventions contemporaines dans des espaces existants, afin de créer des maisons modernes, uniques et vivables. Nous croyons aussi fermement en la nécessité de la réaffectation et de la rénovation, que notre cabinet a poursuivies avec passion ces dernières années, notamment au Moyen-Orient par le biais de nos projets de réaffectation de bâtiments commerciaux abandonnés en hôtels haut de gamme, notamment l'Al Faya Desert Retreat & Spa, qui a été primé.

Où puisez-vous votre inspiration pour vos projets ?

Je m'inspire de mon environnement. J'aime voyager car chaque ville, lieu ou paysage que je visite présente sa propre esthétique, son propre contexte et son propre caractère à travers son tissu, ses habitants et sa culture. Tout cela contribue à la création et à l'inspiration de chaque nouveau projet chez Anarchitect. Je fais également beaucoup de croquis à la main pour enregistrer mes idées, mes pensées et mes expériences lors de mes déplacements. J'explore en profondeur de nouvelles utilisations de matériaux et j'imagine des détails innovants que je redessine sur du papier calque des dizaines et des dizaines de fois pour superposer de nouvelles idées et développer un concept ou un récit de projet tout en écoutant de la musique dans le studio ou à la maison, ce qui m'aide également à me concentrer et à être créatif.

Quel est votre projet préféré sur lequel vous avez travaillé et pourquoi ?

L'Al Faya Desert Retreat and Spa, aux Émirats arabes unis, est l'un de mes projets préférés car il a offert à Anarchitect l'occasion de redonner vie à deux structures historiques et abandonnées situées au milieu du désert, au pied d'une chaîne de montagnes préhistoriques. Dans un contexte et un paysage uniques en soi, le studio a été chargé par le client de créer une nouvelle destination qui attirerait les visiteurs et les hôtes dans une région des Émirats arabes unis peu connue auparavant, mais d'une beauté naturelle exceptionnelle. Nous avons supervisé le plan directeur, l'architecture, les intérieurs et la collection de mobilier sur mesure du projet, ce qui nous a donné l'occasion de concevoir et de fournir un design et une expérience véritablement holistiques qui, depuis leur achèvement, ont trouvé un écho auprès de la presse internationale spécialisée dans le design et des visiteurs.

Quel serait le projet de rêve sur lequel vous pourriez travailler ?

Basés à Dubaï et à Londres, nous avons la chance, en tant que studio, d'avoir travaillé sur des projets dans de nombreux contextes passionnants, des tropiques du Sri Lanka aux paysages désertiques des Émirats arabes unis, en passant par les vignobles européens ruraux et le cœur de villes métropolitaines comme Londres. Notre nouvelle aventure est aussi notre prochain projet de rêve : travailler à la conception d'un spa et d'une retraite de bien-être situés au sommet d'une chaîne de montagnes dans une région préservée d'Europe de l'Est. Il s'agit à la fois d'un nouveau contexte pour Anarchitect et d'une nouvelle région que nous venons de commencer à explorer avec notre première collection de projets récents et passionnants.

Avez-vous un maître de la décoration intérieure que vous admirez ?

Depuis mes premières années à l'école d'architecture, j'ai toujours admiré et aimé le travail de feu Carlo Scarpa. Ce qui m'intéresse, c'est son travail en tant que véritable artisan et sa compréhension complexe des matériaux, la façon dont il les insérait, les reliait et les repositionnait dans chaque espace intérieur ou objet avec lequel il travaillait. Je me souviens encore très bien d'un voyage d'étude à Venise, en Italie, où j'ai vu, touché et médité sur le magnifique pont à l'entrée de Querini Stampalia et sur la façon dont il encadrait les objets du musée Castelvecchio de Vérone, qui présentait également un aspect de dé-constructivisme et des moments brutalistes, chaque détail s'imbriquant magnifiquement et reliant sans heurts les objets nouveaux et ceux vieux de plusieurs siècles. Peu après, j'ai commencé à étudier les croquis et les dessins de Scarpa afin de comprendre et de voir son processus de réflexion et de conception, ce qui m'a inspiré dans mon propre travail.