Céramique inspirée de Morandi

Quand vous est venue l'idée de la collection Le Morandine ?

J'ai commencé à penser à ce projet en 1999. Une entreprise m'a demandé de créer une série de bougies qui serviraient également de centres de table. En considérant tous les objets que l'on trouve habituellement sur une table, comme les vases, les bouteilles, les pichets et les bols, j'ai immédiatement pensé aux natures mortes de Giorgio Morandi. J'ai été inspiré par la pensée de la vie quotidienne qui devient de l'art et il m'a semblé que passer de la peinture à une réalité tridimensionnelle était une voie intéressante à suivre.

Le projet est resté à l'état d'idée jusqu'en 2009, date à laquelle j'ai décidé de l'autoproduire. Le Morandine a d'abord été une collection de bougies, puis est devenu une série de vases et de bouteilles en céramique. Pendant le hiatus entre la conception et la réalisation du projet, j'ai eu le temps d'analyser en profondeur l'artiste Morandi et sa production, en explorant les formes, les couleurs et les compositions pour aboutir à un code visuel et photographique. Je continue à y travailler, en expérimentant d'autres matériaux, à la manière de Morandi : avec une évolution lente et continue. Je ne cesse jamais de faire des recherches.

Comment considérez-vous les projets de Le Morandine dans le paysage du design contemporain ?

Je crois que ce travail est difficile à étiqueter. Il s'agit avant tout d'une recherche personnelle. C'est aussi une réflexion sur l'opus de Morandi, mais ce n'est pas tout : il touche à différents domaines comme l'art, le design, l'artisanat, la décoration intérieure et la photographie. Il s'agit de réimaginer et de répéter, mais aussi de trouver des différences. J'ai conçu ces objets principalement dans l'intention d'encourager une relation entre eux et leur propriétaire. Je les ai conçus en espérant que leur potentiel émotionnel rapprocherait le spectateur du parcours artistique complexe de Morandi. Lorsque cela se produit, je suis très heureux car cela permet aux gens de faire partie d'un processus plus large. Ces vases ne cessent de me surprendre. Ils deviennent vivants. Ils possèdent un caractère unique qui provient de l'originalité et de l'intuition innée dans une œuvre d'art. Pour répondre à la question, c'est peut-être ainsi que les vases Le Morandine pourraient être placés, dans le paysage du design contemporain, parmi les objets relationnels et émotionnels.

Qu'est-ce qui vous fascine dans la nature morte ?

Une nature morte, même si elle semble figée dans une position définie, est un processus très vital. Elle implique le mouvement, la recherche, la conscience, la réflexion et le choix. Morandi considérait ses bouteilles et ses objets comme de véritables personnages et il les déplaçait chaque jour, un peu comme un metteur en scène déplace ses acteurs sur une scène. Pour cette raison, ses tableaux ne sont pas de simples natures mortes traditionnelles, mais capturent un instant dans le flux des événements de la vie. Je suis fasciné par cet aspect, qui est dynamique, presque cinématographique. Ce n'est pas une natura morta [nature morte en italien], car elle est pleine de vie !

Vous avez choisi la céramique. Que pensez-vous de la renaissance de la céramique et en quoi un matériau lié au milieu du 20e siècle est-il d'actualité aujourd'hui ?

La céramique est un matériau ductile. Elle est ancienne et universelle et elle ne cessera jamais de faire partie de notre vie quotidienne. Je ne pense pas que l'on puisse vraiment parler de renaissance de la céramique, mais finalement l'Italie donne à cet incroyable matériau plus d'importance et plus de visibilité. Il appartient aussi bien à notre vie quotidienne qu'aux technologies les plus avancées et il a été un protagoniste de notre histoire de l'art. La céramique est un véritable moteur de notre économie et c'est aussi un splendide moyen d'exprimer une esthétique nouvelle et originale.
Le thème de la Morandine, qui est l'œuvre de Morandi, est d'actualité pour plusieurs raisons : la référence à celle-ci comme forme active de connaissance ; le caractère italien de mon travail qui revendique un aspect de notre identité culturelle ; le lien toujours plus étroit entre art et design ; et enfin le fait que les tableaux de Morandi, même s'ils peuvent paraître "classiques", suivent une logique sérielle tout à fait contemporaine. Mes objets tentent de transmettre cette qualité et de la rendre accessible à tous.